Ce 8 mars est paru un article intitulé « J’ai eu un méningiome », « je veux reprendre le Lutéran » : Quelle prise en charge après l’arrêt des progestatifs ? dont certaines affirmations de la gynécologue interviewée, le Dr Odile Bagot, sont incomplètes et erronées.
Article complet ici : https://www.20minutes.fr/sante/4080376-20240308-meningiome-veux-reprendre-luteran-prise-charge-apres-arret-progestatifs
Avec l’aide du Pr Johan Pallud, membre du Conseil Scientifique de l’association, neurochirurgien, chef de service au GHU PARIS, nous nous permettons de compléter et /ou corriger les phrases suivantes :
« Il est vrai que dans la plupart des cas, ces méningiomes spécifiques sont asymptomatiques et régressent à l’arrêt du traitement, confirme le Dr Odile Bagot, gynécologue, auteure du blog Mam Gynéco et de l’ouvrage Vagin et Cie, on vous dit tout ! (éd. Mango). Pour ces patientes, on évalue la situation au cas par cas, en concertation entre les différents spécialistes (gynécologue, neurologue, etc.).
L’affirmation du Dr Odile Bagot est incomplète et en partie erronée :
– sur le fait qu’ils soient asymptomatiques : nous n’avons pas à ce jour de statistiques fiables, mais le fait d’avoir “quelque chose dans la tête” est source à minima d’un symptôme d’anxiété.
– pour la régression à l’arrêt du traitement : l’étude du programme de dépistage en vie réelle réalisée par le Pr Johan Pallud, neurochirurgien, publiée en 2022, montre qu’après l’arrêt du progestatif, la charge tumorale a diminué au fil du temps chez 79% des patientes. Cela signifie que les méningiomes sont restés stables ou ont grossi dans 21% de cas. Une mise à jour de cette étude est prévue, qui permettra d’affiner encore ce chiffre.
– pour la concertation entre spécialiste, un neurochirurgien est plus utile qu’un neurologue car c’est le quotidien du neurochirurgien que de renseigner sur la conduite à tenir face à un méningiome (ce n’est pas le métier du neurologue).
« Une fois qu’on a arrêté le traitement, on ne développera pas de méningiome spécifique par la suite, rassure le Dr Bagot. Donc celles qui ont pris un progestatif, qui n’en prennent plus et qui n’ont pas de symptômes neurologiques n’ont pas à passer d’IRM. Côté alternatives, certaines peuvent bénéficier d’un stérilet à la progestérone, auquel aucun surrisque de méningiome n’est associé, et qui est une très bonne indication notamment pour les règles hémorragiques. Et pour l’endométriose, il existe d’autres pilules progestatives spécifiques », rassure le Dr Bagot.
– Ce paragraphe, erroné également, est faussement rassurant. La situation est plus complexe que ce qu’en dit le Dr Bagot. Tout d’abord, tout gynécologue devrait avant tout connaitre et rechercher les symptômes neurologiques qui peuvent signer la présence d’un méningiome (maux de tête, vertiges, absence, perte de mémoire, perte de la vision, de l’odorat, faiblesse d’un membre, fatigue intense souvent prise pour une dépression, etc). Ensuite, si l’un des 6 progestatifs identifiés à ce jour comme étant à risque de méningiome est remplacé par un autre progestatif et qu’un méningiome est présent, ce méningiome pourrait continuer à croître.
De plus, lorsqu’on arrête le progestatif lors de la découverte d’un méningiome, il n’est pas certain que celui-ci stoppe sa croissance. Une poursuite de l’évolution de méningiome est parfois observée, nécessitant un suivi systématique au long cours et, parfois, une intervention sur le méningiome.
Il faut aussi garder en tête que tout progestatif peut être à risque de méningiome, c’est la dose et la durée qui induisent le risque. 3 autres molécules sont à l’étude pour étudier leur lien éventuel avec la survenue de méningiome.
L’association rappelle que l’ANSM a communiqué pour la première fois en 2023 sur un possible effet classe, au vu du nombre important (on rappelle : 6 à ce jour) de progestatifs identifiés à risque.