Après l’Androcur, contraceptif largement prescrit dans le traitement de l’acné, d’autres pilules ont été associées à une hausse du risque de méningiome. Confirmé par une étude, ce sur-risque n’est pourtant pas encore connu de toutes les femmes. L’Agence nationale de sécurité du médicament devrait mettre en place un dispositif d’information plus complet au printemps.
Grâce aux résultats de l’étude du groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE, le sur-risque de méningiome chez les femmes exposées à l’acétate de nomégestrol (Lutényl et génériques) et à l’acétate de chlormadinone (Lutéran et génériques) – évoqué depuis 2019 – a enfin pu être quantifié. Ainsi, « une femme qui prend l’un de ces médicaments macroprogestatifs pendant plus de six mois a environ 3,3 fois plus de risque de développer un méningiome par rapport au risque de base », révèle l’étude. Ce risque augmente avec la durée du traitement, avec la dose utilisée et l’âge de la patiente. Pour preuve, « sous Lutényl le risque est multiplié par 12,5 à partir de cinq ans de traitement ».
Pourtant, toutes les femmes concernées par ces traitements indiqués dans la prise en charge de la ménopause, des troubles menstruels et de l’endométriose, ne sont pas encore informées de ce risque. C’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de déployer un nouveau dispositif d’information auprès des patientes et des professionnels de santé.
Information et attestation
D’abord, l’agence fournira aux soignants un document d’information à remettre à chaque patiente amenée à démarrer un traitement ou à le poursuivre. Son contenu ? Des explications sur ce qu’est un méningiome et sur le niveau de risque en fonction du traitement pris. « Il alertera sur les signes cliniques susceptibles d’être associés à la présence d’un méningiome et précisera la conduite à tenir pour chaque situation », note l’ANSM.
En parallèle, chaque patiente ainsi que son médecin devra désormais compléter une attestation d’information annuelle. Le but étant de s’assurer que la patiente est bien informée par son praticien des risques encourus. Cette attestation devra être présentée en pharmacie avant d’obtenir le traitement.
Ces documents, inspirés de ceux mis en place en 2019 pour diminuer l’utilisation d’un autre médicament progestatif associé à un sur-risque de méningiome (Androcur et ses génériques), seront disponibles au cours du printemps. Si certaines modalités restent à définir, l’objectif de ces mesures est ici le même : « limiter l’utilisation de ces médicaments aux seules situations pour lesquelles leur prescription est justifiée », précise l’ANSM.
En attendant, les professionnels de santé sont déjà incités depuis juin 2020 à :
-Réévaluer la pertinence d’un de ces traitements en tenant compte du bénéfice-risque individuel ;
-Limiter la durée d’utilisation de ces médicaments ainsi que leurs posologies aux doses minimales efficaces ;
-Ne pas substituer les macroprogestatifs entre eux (acétate de nomégestrol, acétate de chlormadinone et acétate de cyprotérone) en cas de méningiome ou d’antécédent de méningiome ;
-Faire réaliser une IRM cérébrale en cas de symptômes évocateurs d’un méningiome ;
-Proposer aux femmes de plus de 35 ans en cas de traitement prolongé (à partir de 5 ans), une imagerie cérébrale par IRM.
À noter
Le méningiome est une tumeur qui se développe à partir des méninges, c’est-à-dire l’enveloppe qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Si elles sont le plus souvent bénignes et de croissance lente, ces tumeurs exposent à des troubles neurologiques en raison d’une compression du cerveau, de la moelle épinière et des nerfs.
Lien vers l’article : https://www.ledauphine.com/magazine-sante/2021/02/23/luteran-alerte-au-meningiome
Retrouvez nos autres articles ici