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L’acétate de cyprotérone (Androcur) favorise-t-il les méningiomes multiples ? par le Pr Sébastien Froelich, neurochurgien

androcur pr

1er article de 2008 du Pr Sébastien Froelich

L’acétate de cyprotérone (Androcur) favorise-t-il les méningiomes multiples ?

Sebastien Froelich1, Nassim Dali-Youcef2, Patrick Boyer1, Pierre Kehrli1, Daniel Maitrot1, Johan Auwerx2 & Jean-Louis Schlienger1,3

1Service de neurochirurgie, Centre Hospitalo-Universitaire, Strasbourg, France; 2IGBMC, Illkirch-Graffenstaden, France; 3Service de médecine interne, Centre Hospitalo-Universitaire, Strasbourg, France.


Les méningiomes multiples sont des tumeurs bénignes rares (1,5 % de tous les méningiomes). Ils sont soit sporadiques, soit associés à une neurofibromatose. Leur morbidité à long terme est élevée en raison de la fréquence des interventions chirurgicales nécessaires pour pallier l’absence de traitement adjuvant efficace. Nous présentons une cohorte de patients chez lesquels nous soupçonnons fortement l’acétate de cyprotérone d’être responsable du développement et de la progression de multiples méningiomes.

Patients et méthodes : Nous signalons 9 patientes (33-62 ans, moyenne : 46 ans) présentant des méningiomes multiples (2 à 11) sans aucune preuve clinique de neurofibromatose. Tous les patients ont été traités avec de l’acétate de cyprotérone (50 mg/jour) (Androcur) pour diverses indications pendant une période allant de 10 à 20 ans.

Résultats : Une apparition rapide des symptômes cliniques a été observée chez 6 patients avec une diminution rapide de l’acuité visuelle chez 5 patients, suggérant des méningiomes rapidement progressifs. Les lésions étaient préférentiellement situées à la base du crâne. L’acétate de cyprotérone a été arrêté au moment du diagnostic chez 2 patients. Six patients ont été suivis radiologiquement pendant une période de plus de 5 mois (8 à 81) avant l’arrêt du traitement. Une augmentation significative de la taille de la tumeur et/ou le développement de nouvelles lésions ont été observés dans tous les cas. Chez six patients, la période de suivi après l’arrêt du traitement a été de plus de 5 mois (5 à 32 mois, moyenne : 17 mois) et aucune progression clinique ou radiologique n’a été observée.

Discussion : Nous soupçonnons fortement l’acétate de cyprotérone d’être un facteur favorisant le développement de méningiomes multiples de pair avec un statut endocrinien particulier. Nous pourrions être confrontés à une entité histopathologique particulière compte tenu de la localisation préférentielle des lésions à la base du crâne et de l’absence inhabituelle de progression après l’arrêt du traitement.

Conclusion : Bien qu’elle ne soit pas décrite dans la littérature, la possibilité d’une relation entre les méningiomes multiples et l’acétate de cyprotérone doit être étudiée plus en détail.

Source https://www.endocrine-abstracts.org/ea/0016/ea0016p158

Androcur- Interview du Pr Froelich à Libération le 10 septembre 2018

« Méningiome », tumeur « bénigne », et le sens des mots…

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