Découvrir que l’on a un méningiome vous met, bien souvent, en état de choc, un choc émotionnel violent.
Toute personne allant passer une IRM est inquiète. Je crois que lorsque l’on a des symptômes, on y va avec un gros doute, et l’on s’imagine, d’office « avoir un méningiome ». En revanche, lorsque l’on a, comme moi, arrêté son traitement depuis des années, on peut ne pas envisager ce possible, par déni, optimisme, espoir et j’en passe. Et, quand, en outre, on n’a pas de symptômes, on y va de façon un peu plus confiante. Or, tant que l’IRM n’est pas réalisée, on ne « sait pas ».
Dans tous les cas, on ne peut pas, tant qu’on ne le vit pas, se représenter ce que cela va « nous faire », dans l’hypothèse où l’examen révélerait une tumeur. Un choc violent, de ce type, est imprévisible. On peut se projeter, mais jamais « tel qu’on le vivra », réellement. Chacune fera face à cet évènement traumatisant en fonction de sa personnalité, de ses ressources et de son histoire : nul ne peut donc prétendre savoir à l’avance, comment l’annonce d’un méningiome se matérialisera.
Avec le recul, je pense qu’il faut se préparer à cette éventualité, pour qu’au moins elle « existe », dans le champ des possibles, et essayer autant que faire se peut, de voir l’IRM comme un contrôle, nécessaire et incontournable, comme on en fait tant d’autres. Je suis allée à mon examen en me disant que ce n’était « pas possible », dans un optimisme assez caractéristique de ma personne, et surtout, j’ai eu la mauvaise idée de ne pas me faire accompagner ; ce que j’ai fait, par la suite, lorsque j’ai pris l’avis d’un premier, puis d’un deuxième neurochirurgien. Cela m’aurait évité de m’effondrer en larmes en pleine rue, au téléphone avec ma meilleure amie, qui avait justement dit qu’elle pourrait venir avec moi.
Pour ma part, je suis très entourée, des médecins, aux proches, en passant par les collègues. Autre point : je suis le « Saint-Bernard » de service, je suis, en vrac : celle qui fait rire aux éclats une amie hospitalisée pour un traitement lourd ; celle qui épaule une collègue dans un contexte difficile de retour au travail après une grave maladie ; celle qui coache son ami, harcelé au travail, pendant, et jusqu’à son départ vers une nouvelle aventure professionnelle ; celle qui est disponible, en toutes circonstances, et peu importe la gravité et durée de la situation… Sauf que là, c’est moi qui me suis pris le choc de ma vie. Le Saint-Bernard a dû accepter d’être « faillible », fragilisé, et surtout, aidé !
Cette période est définitivement mon « moment de vie » le plus atroce jusqu’à présent ; un état de stress et d’angoisse comme jamais je n’aurais cru pouvoir en ressentir. Mes médecins étaient inquiets, mes proches, dévastés, et moi, j’ai cru littéralement « crever de peur ». Les pires scénarios tournaient en boucle dans mon esprit. Je me réveillais chaque matin, en panique, avec « j’ai une tumeur », et je pleurais. Je n’étais plus moi-même, et ce cauchemar a perduré jusqu’à ma première rencontre avec un neurochirurgien. À partir de là, j’ai commencé à voir les choses autrement. Avant cela, l’état de choc : attaque de panique, sanglots, colère noire, sidération, agressivité envers mes proches, parfois, pour un rien. Dieu merci, tout le monde a compris. Les gens intelligents se mettent en veille, et restent. Les autres n’ont pas leur place dans une relation valable.
Aux premiers moments, rien, ou presque, ne m’apaisait, hormis, peut-être, en parler, à qui savait simplement, écouter. L’état de choc va passer, il est normal de ne pas assimiler de suite. C’est comme un processus de deuil symbolique ! Cela ira mieux, on avance au jour le jour, et à chaque jour suffit sa peine. Il y aura des hauts et des bas, des épreuves, et cela sera plus ou moins long, mais il y a une issue. Il n’y a pas de meilleure méthode, hormis celle qui vous semblera la plus adéquate. Vivre un choc émotionnel, c’est une épreuve, que l’on peut « comprendre », mais que personne ne vivra à notre place.
Lorsque j’ai entamé ma radiothérapie, ce poids atroce s’est estompé, au fil des séances. Depuis, je vais très bien, je suis comme avant, avec « cela en plus », dans mon histoire. Maintenant, j’aide l’association comme je le peux, et la fais connaître, car son soutien est inestimable.
Enfin, si je peux me permettre un dernier conseil : fuyez temporairement Internet, après l’annonce du méningiome. Ne cherchez pas à creuser au hasard, car vous allez ajouter une panique inutile, à un état psychologique déjà fragilisé. L’association est là, pour vous informer, mais également, pour vous soutenir.