Article du Monde du 7 novembre 2024
Communiqué de presse
L’Association AMAVEA (Association Méningiomes dus à l’Acétate de Cyprotérone, aide aux victimes et prise en compte des autres molécules) a déposé plainte contre X le 5 novembre 2024 auprès du Procureur de la République de Paris et sollicite l’ouverture d’une information judiciaire sur la gestion des risques et des effets secondaires du médicament Androcur.
L’Androcur, dont le principe actif est l’acétate de cyprotérone, est une spécialité pharmaceutique commercialisée dès 1980 par le laboratoire pharmaceutique SCHERING devenu BAYER HEALTHCARE SAS.
Prescrit aux femmes souffrant d’hirsutisme féminin sévère, il a ensuite été largement génériqué.
Cependant, l’Androcur (acétate de cyprotérone) est connu pour induire le développement de tumeurs cérébrales, appelées méningiomes.
Ce surrisque identifié par le laboratoire dès 2004, a ensuite été reconnu par la firme et l’ANSM en 2008 et 2009. Pourtant, aucune information n’a été communiquée aux professionnels de santé prescripteurs ni aux patientes à cette époque, exposant ainsi des milliers de femmes à de graves dangers.
Il faudra attendre Janvier 2011 pour que l’ANSM et le laboratoire intègrent enfin la mention du risque dans la notice, puis 2019 (soit plus de huit années supplémentaires) pour que l’Autorité de santé mette en place un plan de gestion des risques qui incluait, entre autres, la diffusion d’une information ciblée auprès des patientes sous acétate de cyprotérone.
Ce retard est d’autant plus préoccupant qu’en 2017, environ 90 000 patientes étaient recensées par l’Assurance Maladie sous ce traitement, dont plus de la moitié le consommait sans indication approuvée par les autorités sanitaires (gestion de l’acné, perte de cheveux, endométriose etc.)
Cette absence de réactivité a exposé des milliers de patientes à des doses dangereuses d’acétate de cyprotérone, favorisant ainsi le développement de tumeurs intracrâniennes, elles-mêmes susceptibles de provoquer de nombreux handicaps tels que des troubles neurocognitifs, la perte de la vision, de l’odorat, des troubles de la parole, ainsi que des troubles moteurs.
Depuis 2019, l’Association AMAVEA et le cabinet DANTE (Maitres Charles JOSEPH-OUDIN et Ophélie DILLIES, Mme Valentine PLOUY) accompagnent de très nombreuses victimes ayant développé un ou plusieurs méningiomes à la suite de la consommation répétée d’Androcur, tant dans leur suivi médical que dans leurs démarches indemnitaires. À ce jour, environ 250 dossiers concernant Androcur sont ouverts dans le but d’obtenir réparation. Parmi eux, 29 ont fait l’objet d’une expertise judiciaire civile, et 10 sont actuellement devant la Commission de Conciliation et d’Indemnisation (CCI). 33 rapports d’expertise ont été déposés confirmant le lien entre la consommation d’Androcur et l’apparition de méningiomes. De plus, plus de 10 recours sont en cours devant le Tribunal Administratif contre l’ANSM pour manquement à son devoir de précaution et d’information.
Il est aujourd’hui évident que les acteurs en charge de la sécurité d’Androcur – Agence de santé, laboratoires, médecins – ont failli dans la gestion des effets secondaires de ce médicament et l’AMAVEA, représentante de milliers de victimes, souhaite qu’une enquête soit menée pour déterminer les négligences commises et établir la responsabilité des acteurs impliqués.
La plainte de l’AMAVEA sera complétée et soutenue très prochainement par le dépôt de plaintes individuelles de victimes de ce médicament.
On rappelle que devant l’ampleur de ce scandale de santé publique majeur, l’AMAVEA et Me JOSEPH-OUDIN ont sollicité le Ministère de la santé et la Direction générale de la santé pour que soit mis en place un dispositif spécifique d’indemnisation. A ce jour, aucune suite n’a été donnée à ces demandes.
Pour plus d’informations vous pouvez consulter nos sites internet[1] ou joindre Me JOSEPH-OUDIN : cjo@dante-avocats.fr 06 62 71 92 21.