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Journal belge L’AVENIR : Le méningiome, surveiller ou opérer ? (et sans parler des progestatifs…)

Le méningiome :  surveiller ou opérer ?

Tumeur bénigne, le méningiome se situe tout contre le cerveau, et à proximité des nerfs. Explications du Dr Raftopoulos, neurochirurgien.

Note de l’association : il est intéressant de constater que, dans cet article récent d’un journal belge, il n’est toujours pas fait mention de la responsabilité de certains progestatifs dans la survenue de méningiomes, alors même que l’EMA (Agence Européenne du Médicament ) en est informée depuis 2019, et en a informé ensuite tous les pays européens… .

Anne Sandront
 On ne peut pas toujours se contenter de surveiller un méningiome. Parfois, l’opération est nécessaire (mais délicate).
On ne peut pas toujours se contenter de surveiller un méningiome. Parfois, l’opération est nécessaire (mais délicate). ©- 

Il est moins fréquent que le cancer du sein, du poumon ou du côlon… Mais le méningiome n’est pas si rare. “C’est une tumeur qui se développe au niveau des méninges, les enveloppes du système nerveux central, dit le Pr Christian Raftopoulos, neurochirurgien aux cliniques universitaires Saint-Luc. La tumeur démarre de l’arachnoïde, qui enveloppe tout le cerveau, la moelle épinière et la partie initiale des racines nerveuses.” Dans 80% des cas, la tumeur est bénigne.

Cette tumeur se développe lentement de l’enveloppe vers le système neveux, qu’il va comprimer. Le plus souvent bénigne et à croissance très lente, la tumeur est parfois découverte par hasard, au détour d’une IRM de contrôle, pour des maux de tête par exemple. “Il arrive aussi qu’on découvre un méningiome après une crise d’épilepsie. Dans ce cas, comme c’est lui qui irrite le cortex cérébral, l’opération peut supprimer l’épilepsie.

Quel traitement ?

Ces méningiomes incidentaux, découverts “par hasard” lors d’un examen de contrôle, restent stables dans 50% des cas. “Je suis plusieurs patients pour des méningiomes qui ne grossissent pas” reconnaît le Pr Raftopoulos. Dans ces cas-là, il n’y a pas de traitement, juste un contrôle.

Mais si le méningiome pousse et compresse le système nerveux, on va décider de l’opérer. “Tout l’art de la chirurgie est d’enlever un maximum de ce méningiome en entraînant le moins de séquelles possible.”

Enlever le maximum, pourquoi ? “Pour réduire le risque de récidive. Parfois, il y en a même quand on pense avoir enlevé tout. Mais l’exérèse complète, pour une tumeur bénigne, n‘a pas de sens si il induit des déficits significatifs. Mieux vaut alors laisser un résidu de petite taille qui sera éventuellement traité par radiothérapie.” L’opération est délicate. “Le plus difficile, c’est quand un méningiome enveloppe des nerfs. On pourrait atteindre le nerf de l’audition, celui de la déglutition… et provoquer un handicap. C’est un travail de longue haleine, une chirurgie de plusieurs heures. Décoller le méningiome du cerveau, c’est difficile. Mais c’est encore plus difficile de décoller la tumeur des nerfs crâniens sans les abîmer.

Le neurochirurgien explique que si le résidu – qui fait 5 à 10% de la tumeur initiale – a tendance à pousser, on peut faire de la radiothérapie stéréotaxique, qui permet de brûler les résidus et contrôler la maladie de façon extrêmement prolongée.

On analyse la tumeur

Après avoir enlevé la tumeur, on l’analyse. “Une analyse classique, au microscope, avec des colorants. Puis une biologie moléculaire, où l’on recherche des mutations de certains gènes. On constate régulièrement dans les méningiomes une mutation du gène NF2. C’est intéressant à savoir, pour des futures thérapies géniques.”

Une analyse montrant que le méningiome est agressif entraînera une surveillance plus rapprochée et souvent une radiothérapie dans les semaines qui suivent la chirurgie. “Mais la radiothérapie a une efficacité controversée. Il m’est arrivé d’opérer plusieurs fois un patient, qui avait un méningiome de grade 2, qui a repoussé à plusieurs reprises, malgré un traitement de radiothérapie.

Le méningiome, c’est quoi ?

Quelle est l’incidence ?

Il y a 9 méningiomes est pour 100 000 personnes, là où le cancer du sein affiche 125 sur 100 000.

Le pic d’âge

C’est entre 50 et 60 ans qu’il y a le plus de cas. Deux fois plus de femmes que d’hommes “probablement pour des raisons génétiques” dit le Dr Raftopoulos.

Bénin

Dans 80% des cas, la lésion est bénigne. “Il y a trois grades. Dans 80% des cas, c’est un grade 2 bénin. Dans 18%, c’est un grade 2 intermédiaire, avec des signes d’agressivité. Et dans moins de 2%, il y a des méningiomes agressifs. Dans ce cas-là, le neurochirurgien devra être le plus radical possible dans son exérèse.”

Où se situe le méningiome ?

Il y a des méningiomes intracrâniens et des méningiomes intrarachidiens. Au niveau intracrânien, il y a des méningiomes sustentoriaux (partie supérieure de l’encéphale) et soustentoriaux (sous la tente du cervelet). Ceux qui se trouvent dans la fosse postérieure ou la base du crâne sont plus difficiles à opérer, parce que tous les nerfs crâniens sont là. “Le méningiome peut les envelopper, et c’est une opération encore plus délicate.”